Face à la Maire

7 min

Publié le 21 juillet 2025
Face à la maire

Le 25 novembre dernier, Nathalie Koenders a été élue maire de Dijon, succédant ainsi à François Rebsamen. Une nouvelle page de son engagement pour cette ville qui l’a vue grandir. De ses souvenirs d’enfance au lac Kir aux projets qui façonnent le Dijon de demain, la maire revendique une approche de terrain, ancrée dans la proximité avec les habitants. Dans cet entretien, elle revient sur ses premières émotions de maire, partage ses ambitions pour la ville… et nous ouvre son carnet d’adresses en dévoilant ses Places to B.

« Cette ville m’a beaucoup apporté, et aujourd’hui je veux lui rendre ce qu’elle m’a offert. »

Nathalie Koenders

The Place to B. Le 25 novembre dernier, vous avez été élue maire de Dijon. Cela a-t-il changé votre regard sur la ville ?

Nathalie Koenders. Forcément. C’était d’abord une grande fierté de prendre la suite de François Rebsamen, mais aussi une immense responsabilité. Mon regard a changé, car je me sens d’autant plus responsable de tout ce qui se passe ici. Quand il y a malheureusement eu l’incendie de la médiathèque Champollion en mars dernier, j’ai été particulièrement touchée. Être maire, c’est veiller sur la santé et le bien-être des habitants, mais aussi sur la ville elle-même.

TPTB. Vous souvenez-vous du moment où François Rebsamen vous a annoncé qu’il souhaitait vous transmettre le fauteuil de maire ? Quelle a été votre première pensée ?

N.K. En 2012 déjà, il m’avait dit qu’il pensait à moi pour lui succéder un jour. Ce sont des conversations qu’on n’oublie pas. À l’époque, c’était mon premier mandat, j’étais adjointe au commerce et je n’avais pas de plan de carrière politique. J’avoue qu’au départ, je n’ai pas réalisé. J’ai beaucoup appris à ses côtés. Il m’a transmis l’importance de rester fidèle à mes valeurs.

TPTB. Dijon est votre ville de cœur et de vie. Quels moments ont marqué votre parcours, de la petite fille qui pagayait sur le lac Kir à la femme qui dirige aujourd’hui la mairie ?

« S’il y a un projet qui m’a particulièrement marquée, c’est l’arrivée du tramway. »

Nathalie Koenders

N.K. Je suis une Dijonnaise d’adoption. Je suis arrivée ici à l’âge de quatre ans. J’ai fait toute ma scolarité à Dijon. D’ailleurs, certains de mes anciens professeurs m’écrivent aujourd’hui, fiers de mon parcours. J’ai bénéficié du programme municipal « Vacances pour ceux qui restent » : ce n’était pas pour faire du kayak au départ, mais de la voile. Comme il n’y avait pas beaucoup de vent, j’ai découvert le kayak… et c’est ainsi qu’a commencé une belle aventure sportive. Cette ville m’a beaucoup apporté, et aujourd’hui je veux lui rendre ce qu’elle m’a offert, en la rendant toujours plus belle et attractive.

TPTB. Vous connaissez chaque rue, chaque place. Quel lieu, à vos yeux, résume le mieux l’âme de Dijon ?

N.K. J’ai habité presque tous les quartiers de Dijon, je déménageais tous les deux ans. Difficile donc de résumer l’âme de cette ville en un seul lieu. Mais la place de la Libération reste pour moi emblématique : le cœur battant de Dijon, avec ses Ducs de Bourgogne, son côté carte postale. Dijon a changé de visage en vingt ans : de la piétonnisation de cette place aux réaménagements récents de la place Bossuet, nous avons vu naître de magnifiques projets. Mais s’il y a un projet qui m’a particulièrement marquée, c’est l’arrivée du tramway. Il a requalifié la ville. Je me souviens du jour de l’inauguration : il y avait une foule incroyable. Certains endroits, comme le campus universitaire, en sont aujourd’hui méconnaissables.

TPTB. Vous êtes une élue de terrain. Qu’aimez-vous dans cette proximité avec les habitants ?

N.K. J’aime le dialogue, dire les choses directement. Je suis quelqu’un qui aime aller dans la rue, à la rencontre des citoyens et des commerçants. Ça n’a pas toujours été simple, surtout au début, avec une délégation comme le commerce et l’artisanat. Je me souviendrai toujours de mes débuts : jeune maman, je me déplaçais avec ma poussette et mes cartes de visite pour aller me présenter aux commerçants. Avec le recul, c’est un souvenir assez amusant.

TPTB. Quel projet dijonnais mériterait, selon vous, davantage de lumière ?

N.K. La Forêt des enfants. Le principe est simple : à chaque naissance, un arbre est planté. Environ 8 000 arbres ont ainsi pris racine sur le plateau de la Cras et le chemin de la Rente de Giron. Je m’y rends chaque année. Là-bas, on croise des jeunes parents qu’on ne voit pas forcément ailleurs, car avec des enfants en bas âge, il est parfois difficile de participer aux événements municipaux. La Forêt des enfants crée un moment privilégié pour les rencontrer.

TPTB. Le vélo est aujourd’hui au cœur des mobilités urbaines. Quelle est votre ambition en la matière ?

N.K. L’ambition est claire : nous investissons massivement dans les aménagements cyclables pour développer la pratique du vélo et atteindre 12 % de part modale d’ici 2030. C’est aussi un travail sur les mentalités : il faut encourager les Dijonnais à privilégier ce mode de déplacement. Nous continuons à œuvrer pour des voies cyclables toujours plus sécurisées. Il ne s’agit pas d’opposer le vélo à la voiture, mais d’organiser un meilleur partage de l’espace public.

TPTB. Belfort a ses Eurockéennes, Cannes a son festival, Dunkerque a son carnaval… Est-ce que Dijon va rayonner sur la carte de la France grâce au Golden Coast ? 

N.K. C’est une évidence. J’ai cru au Golden Coast dès le départ. Je suis de la génération MC Solaar et NTM, et être maman de garçons qui écoutent du rap m’a permis d’en mesurer l’impact. J’ai même accompagné mes fils au concert de Ninho au Zénith, et j’ai été surprise de l’ambiance extraordinaire qui y régnait. Quand Christian Allex m’a présenté ce projet, je l’ai défendu. Après le succès de la première édition, je pense que j’ai bien fait. Je suis ravie de voir Dijon rayonner aujourd’hui grâce au rap.

Les places to B de Madame la Maire

LES HALLES DE DIJON

« Symbole de notre gastronomie, cœur économique de la ville, lieu de rencontres. C’est là que j’ai tracté pour la première fois en politique. Un lieu riche en symboles, pour moi, que j’apprécie beaucoup pour son marché, son ambiance, son authenticité. »

LA VAPEUR

« Une salle emblématique qui fête ses 30 ans. La musique a toujours compté pour moi — j’ai fait du saxophone plus jeune. J’y ai vu MC Solaar, Oldelaf, Matmatah… Un lieu important dans mon parcours. »

L’université Bourgogne Europe

« Là où j’ai fait mes études. L’arrivée du tramway a permis de rapprocher le campus du centre-ville. Je trouve que notre campus est aujourd’hui très beau et qu’il offre un cadre de vie remarquable aux étudiants. »

L'esplanade Erasme, cœur de vie de l'UBE

Le lac kir

« C’est mon enfance, dès la 4e, grâce à “Vacances pour ceux qui restent”. C’est là que j’ai appris le kayak, mes débuts dans le sport. Un bel espace de nature, qui vient d’accueillir une nouvelle base nautique depuis 2024. L’objectif est d’en faire un lieu multisport accessible à tous : canoë-kayak, voile, aviron, tir à l’arc… Chacun pourra y pratiquer sa discipline dans les meilleures conditions. »

Le lac Kir

Contributeurs
Photos
Jonas Jacquel, Vincent Arbelet, DR
Texte
Quentin Scavardo

Découvrez notre nouveau numéro

Nos derniers articles

Un vent de renouveau

30, juillet 2025

3 min

Caveau de lumière, vins de caractère

30, juillet 2025

4 min

Le retour à Alésia de Jules César

30, juillet 2025

3 min

Dans la même rubrique