« En Bourgogne, quand on parle d’un climat, on ne lève pas les yeux au ciel, on les baisse sur la terre. » Cette formule de Bernard Pivot, devenue canonique, n’a pas pris une ride. Elle résume tout : ici, le Climat n’est pas une donnée abstraite ou atmosphérique. C’est une parcelle, une promesse, un mot enraciné.

En juillet 2015, le monde entier a reconnu ce que la région savait depuis mille ans. Les Climats du vignoble de Bourgogne, ce fin maillage de 60 km de Dijon aux Maranges, en passant par Beaune, ont été inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO – non pour leur esthétique de carte postale, mais pour leur génie invisible : leur capacité à faire naître, sur quelques mètres, un vin de lieu, une mémoire liquide, un paysage en bouteille.

Un patrimoine vivant

Un Climat, en Bourgogne, ce n’est pas qu’un bout de vigne. C’est une géologie, une orientation, un nom qui traverse les siècles, un cépage, un geste. C’est aussi une culture de la nuance, une vision du monde patiemment cultivée. Car ces « vins de lieu » répondent d’un terroir précis, d’une histoire, d’un microclimat, d’un savoir-faire transmis comme un héritage sensible. C’est cette alchimie unique, entre le visible et l’invisible, que l’UNESCO a honorée.

Les Climats, ce sont aussi des paysages habités, façonnés par des générations de vignerons. Murets de pierre sèche, cabottes, clos, noms anciens sur des bornes sculptées : tout un patrimoine rural, modeste mais profondément identitaire, compose cette trame culturelle. Ce sont ces détails du quotidien, accumulés au fil des siècles, qui donnent au vignoble bourguignon sa profondeur, son rythme, son caractère unique – et qui justifient, au-delà du vin, sa valeur universelle. Début 2025, soit dix ans après cette reconnaissance, la Bourgogne a célébré cet anniversaire comme il se doit : avec cœur, panache, et sens du partage. De Dijon à Beaune, en passant par les villages viticoles de la Côte, le public est venu en nombre pour découvrir ou redécouvrir la richesse de ce patrimoine classé. Visites, performances artistiques, dégustations, spectacles, parcours sensoriels ou immersifs ont rappelé que les Climats sont tout sauf figés. Ils bougent, vibrent, s’éprouvent. Le point d’orgue de cet anniversaire ? Un week-end vibrant, les 4, 5 et 6 juillet 2025, au cœur de la Bourgogne, pour se rappeler, dans une ambiance populaire, la richesse et la rareté du patrimoine bourguignon.

Une décennie pour demain

« Nous célébrons certes le passé avec cette année, mais nous souhaitons aussi célébrer l’avenir », souligne Gilles de Larouzière, président de l’Association des Climats. Car cette inscription ne sanctuarise pas : il engage. Il invite à transmettre, à mieux faire comprendre un mot souvent mal compris, qui désigne ici une sensibilité plus qu’une simple parcelle. Préserver les Climats, c’est préserver un rapport au vivant, un équilibre entre culture, nature et travail humain.

Plus que jamais tournés vers demain, les Climats font vivre cette décennie au-delà de l’été. Car après le temps fort de juillet, la fête continue : il reste encore une dizaine d’événements à retrouver sur www.10ansdesclimats.com.

Dix ans d’éclats, dix ans d’un label qui éclaire autant qu’il oblige, dix ans d’une fierté qui se déguste autant qu’elle se cultive. Et désormais, une année entière pour semer les graines de la décennie à venir.